[...]Et toi, le géant qui pleure, quel genre de famille as-tu, toi ? Pas de famille, peut-être, et tu as tout misé sur la plume, c'est ça ? Il se calmait un peu. J'en ai profité pour poser la question dont je connaissais la réponse :
- On vous a refusé un manuscrit, n'est-ce pas ?
- Pour la sixième fois.
- Le même ?
De nouveau oui de la tête, qu'il décolle enfin de mon épaule. Puis, un hochement très lent :
- Je l'ai tellement retravaillé, si vous saviez, je le connais par coeur.
- Comment vous appelez-vous ?
Il m'a donné son nom, et j'ai aussitôt revu la tête hilare de la reine Zabo commentant le manuscrit en question : "n type qui écrit des phrases du genre "Pitié! hoqueta-t-il à reculons",ou qui croit faire de l'humour en appelant Farfouillettes les Galeries Lafayette, et qui remet ça six fois de suite, imperturbable, pendant six ans, de quel genre de maladie prénatale souffre-t-il, Malaussène, vous pouvez me le dire ?" Elle avait secoué l'énorme tête que la vie avait plantée sur son corps d'anorexique, et elle avait répété, comme s'il s'était agi d'une injure personnelle : "Pitié! hoqueta-t-il à reculons"...Et pourquoi pas : "Bonjour, entra-t-il" ou "Salut, sortit-il de la pièce"?" et, pendant dix bonnes minutes, elle s'était livrée à une variation éblouissante, parce que le talent, ce n'est pas ce qui lui manque, à elle...
(Daniel Pennac, La petite marchande de prose, Gallimard, Paris 1989, 20-21)
Lo confesso: adoro la piccola e dispotica regina Zabo, la "prosivendola". Il mio pensiero è subito corso a lei nel leggere queste pagine di Michele Lupo, che ho già avuto modo di apprezzare per il suo articolo La Scuola. Ancora un De Profundis - e in particolare per le parole nette, che condivido in pieno, su Mastrocola e la scuola raccontata al suo cane.
Che siate d'accordo con Michele Lupo o no, consiglio di leggere il suo articolo Scrittrici italiane. Il piagnisteo al lavoro. Ne riparliamo qui? Ringrazio intanto Michele Lupo per la segnalazione.
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